Il a neigé. Des tonnes de blancs recouvrent la terre entière. Les branches des arbres n'en peuvent plus et la forêt brille dans la lumière de l'aube.
Tout en haut, une maison qui aura toujours pour moi le goût du racisme bête et puant. La fille qui y habite m'a un jour crié "sale boche". Elle venait de voir cette stupide série télé sur "l'holocauste". Une vraie connasse qui ne sait pas faire la différence entre un nazi et un allemand ; un pitbull et un teckel ; du rhum Stroh et du redbull.
Avec mon frère on a de la neige jusqu'aux genoux. On se pousse, on se lance des boules, on rigole, on tombe, on est mouillé. On a le visage brûlant de froid.
Avant d'aller à l'école, on s'arrête chez Nénenne et Bon papa, la grand-mère a l'accent teutonique et le grand-père qui la ramena dans son sac en fuyant le stalag de Königsberg. (Non seulement il a vécu 5 ans sur le dos des nazis mais en plus il leur a piqué une femme, bien vu papy quant tu fais de la résistance).
Chez eux, on boit un cacao ou un lait. Mais toujours chaud. Puis on remet nos bottes froides et on court vers l'école via une des ruelles du village. Elle passe entre la scierie et des jardinets. (Mmmh, l'odeur du bois fraîchement coupé). Il y a des trous dans les murs et un jour, bien plus tard, avec un autre frère (je crois bien que c'était Christian, mais ça aurait pu être Yves), on a volé un paquet de clopes à un menuisier pour tester la fumette. C'était dégueu. Mais j'ai fumé de 16 à 36 ans. Je dois avoir les poumons comme le goudron de la cour de récré de cette petite école communale où on se sépare mon frère et moi. Et j'arrive dans la classe de 6ème de Mr Delferière.
- Allez, enfilez vos pantoufles et dépêchez-vous de rejoindre vos bancs. En silence !
La journée commence.
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