Pages avec des trucs

dimanche 18 novembre 2007

Interzone

16h, elle est sortit à 16h au lieu de 16h30. Elle devait sûrement récupérer ses heures sup.
Il faisait un froid, la bruine détrempait tout et le boulevard puait les gaz d'échappements. La mélodie de "she's lost control" sortait du Zen direction ses oreilles.

Sans les voir, elle passa devant un tas de clodos aux vêtements sentant la sueur rance et l'urine. Un nuage de cara pils sortait de leurs bouches. Elle cru reconnaître quelqu'un, se détourna et continua son chemin. Leurs yeux injectés de sang la suivirent un instant. La note stridente de "I remember nothing" lui vrilla les tympans.

Sur le même trottoir, elle freina devant le café "Le pauvre job". Coincé entre un immeuble de bureaux et un monastère de bigotes, il était à remettre. Elle eu un léger sourire en pensant à la biture qui avait suivi un repas avec ses collègues quelques années auparavant. Vu l'ambiance actuelle, ça ne risquait pas de se reproduire. Ce pub avait toujours eu des problèmes de refoulement, soit ces les égouts qui puaient soit le vomi des clients, pour la plupart des employés de bureau des environs qui venaient s'en jeter une avant de rentrer se finir devant la télé.
Elle accéléra le pas quand les cymbales de "shadowplay" explosèrent dans ses écouteurs.

Le carrefour suivant avait été refait. Du bitume rouge sous le passage pour piétons blancs. Ça ressemblait à de la cervelle écrasée dans une flaque de sang. Elle fit bien attention en traversant. Se faire renverser un fois lui avait suffit. Et cette ville qui se tournait vers le tout pour la voiture. Ils allaient la faire crever et nous pas la même occasion. Si le gaz carbonique ne sent rien, ce n'était pas le cas des friteries qui l'encerclaient. La basse de "Wilderness" rythma sa traversée du boulevard.


A la caisse elle prit un billet pour "99 F", le film. Quand elle entra dans la salle l'ouvreuse avait disparu.
"Ce ticket n'est pas valable sans sa souche - ni repris - ni échangé"
Elle pensa à sa collection de vieux tickets de concerts. Ils avaient de la gueule ; maintenant on dirait ceux de la boucherie Schumacher. L'esthétique du rock a disparu dans les fosses de la rentabilité. En s'asseyant, elle coupa son lecteur musical au moment où Ian Curtis gueulait "And I was looking for a friend of mine".

A 18h, quand elle remit ses écouteurs, "Interzone" reprit où il s'était arrêté. La salle bleue du cinéma sentait le renfermé, trop de gens dans un espace confiné, ça l'avait toujours un peu dégoûté.
Le film lui avait tiré quelques sourires, elle avait pensé à Blabla et à son "cache-cache pub" : "Je bouche mes yeux , je cache mes oreilles et je regarde pas. La pub ! Beûrk !". Et puis elle s'était dit qu'un publiciste de perdu et c'était dix qui guerroiaient pour sa place. Et que c'était pas demain la veille qu'ils seraient tous morts.

Dehors la bruine tombait plus drue et le froid lui faisait mal au bout des doigts. Elle étira le pas et fonça vers la librairie où avait lieu une conférence. "Disorder" commençait à peine qu'elle le coupa. Elle arriva en retard. Au sous-sol, une pièce pleine de livres et de gens, la même odeur qu'au cinéma. Ils écoutaient dans un silence religieux un exposé sur la vérité et la croyance.
Elle était debout, au fond, jusqu'au moment où un vieux beau leva son cul de la chaise inconfortable en plastique brun moulé qui avait gardé la chaleur de ses fesses. Ca aussi elle n'aimait pas trop.


1h40 plus tard, elle se dépêcha de quitter les lieux. Les gens du fond étaient déjà sorti. Ca faisait un peu cancre de partir avant la fin mais elle ne voulait pas rater son bus. Place Cathédrale elle remarqua la disparition des bancs publiques. Etait-ce pour emmerder les clodos, les amoureux ou pour installer la patinoire et les aubettes afin que le peuple puisse se distraire en bouffant, en buvant et en regardant les patineurs se vautrer sur la glace ? Sincérememt, elle s'en foutait. Tout ce qu'elle voulait c'est que le bus arrive. Elle avait froid. Elle attendit 10 minutes les mains sous les aiselles et les orteils recroquevillés dans les chaussures. Quand la mandoline de "love will tear us apart" commenca à l'hypnotiser, elle était dans le bus. Natalie venait à moi.


Merci à Anton Corbijn pour son film "Control" et à Joy Division d'avoir existé.

mardi 13 novembre 2007

haiku(s)

(haiku 1)
été chaud
la saucisse brûle
et tombe

(haiku 2)
un maigre livre
fines feuilles s'enroulent -
le temps touche à sa fin

(haiku 3)
Dans un océan
le lama - pas chinois
se noie

(haiku 4)
la terre fissurée
le ciel éclatant, trop bleu -
le cloporte sèche

(haiku 5)
tristes vacances,
brillant soleil pourrissant
la pluie et le vent

(haiku 6)
De l'oreille interne
le monde comme une toupie folle
Plus aucun équilibre

(haiku 7)
une goutte de pipi
dans la neige irisée
un puit qui jaunit

(haiku 8)
la couleur d'une gauche
qui pour plus de pouvoir court.
de honte devient rose

(haiku 9)
tu es moins que rien
avec ton ticket de train
nazi rail SA