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dimanche 4 décembre 2016

Autodéfense du calembour / Boris Vian

Autodéfense du calembour

Pourquoi donc me vouer aux noirs gémonies ?
Rien n'est fertilisant comme un sac de guano.
Fraises, pousseriez-vous sans le puant tonneau
Épandant sur vos pieds la matière bénie ?

Vil calembour ! dit-on. Mais suave harmonie
Pour l'oreille de qui n'aime point Giono.
Je fleurissais déjà quand le pâle moineau
Roucouleur emporta l'olive en Arménie.

Mais vous êtes jaloux. Vous autres, esprits forts,
Vous lisez du Claudel, paraît-il, sans efforts.
Allez, vilains forgeurs de pièces édifiantes,

Hannetons lourds de vos vers blancs, tous, décampez !
Car de l'esprit volant je ne suis que la fiente,
Mais je tombe de haut tandis que vous rampez.

Boris Vian, Cent sonnets, Livre de Poche, 2014, p. 44

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